Des voeux omniSPORTS pour 2019 !

Où ils en sont… Où nous en sommes… pour 2019

À force de conciliabules sur « la gouvernance » entre ceux qui dirigent déjà le sport et de tractations diverses pour partager des bouts de pouvoirs, on en viendrait presque à oublier l’essentiel, ce qui devrait motiver réflexions et actions, engendrer une rénovation en profondeur du « modèle » sportif : le décalage qui se creuse, depuis un moment, entre les demandes de tous ceux qui le pratiquent, qui l’aiment, qui en ont besoin, qui aspirent à renouveler les façons de faire et une offre toujours plus codifiée, toujours plus normative, toujours plus verticale et disciplinaire.

D’un côté -toutes les études (voir ci-dessous) le démontrent et cela correspond aux mutations profondes de la société, de la vie-, une demande de plus en plus diversifiée, de plus en plus « touche à tout », versatile, sur des plages de temps nouvelles, dans un rapport nouveau à la nature, à l’environnement, avec des aspirations et motivations multiples -bien être, santé, convivialité, insertion…- une demande « omnisports », non pas par la juxtaposition de pratiques disciplinaires mais par la conjugaison inventive de l’ensemble de ces aspirations dans la relation au local. L’arrivée massive des pratiquantes, avec leurs besoins, leurs attentes, la place prise par des dirigeantes, avec d’autres contraintes, a fortement fait évoluer la pratique sportive et le modèle associatif.

De l’autre un sport « officiel » qui se complait dans son organisation pyramidale, instituée, et qui tente par tous les moyens de, s’il ne peut le bloquer, canaliser le nouveau en codifiant toutes les formes de pratique -licenciation obligatoire, délégations contraintes…- et en rejetant toute vision et solutions transversales. Les porteurs de ces évolution innovantes sont informés, au mieux « associés », jamais partie prenante.

Les premiers agissent comme s’ils voulaient faire entrer de force, au chausse pied, des milliers d’initiatives nouvelles, de demandes nouvelles, de besoins nouveaux dans des boites, qui ont certes fait leurs preuves dans un certain nombre de domaines mais qui sclérosent dans leur volonté de tout dominer, de tout maitriser….

Dans un tel contexte, pas facile de trouver les formes, les lieux pour intervenir, pour proposer des alternatives même s’il existe des espaces comme ID Orizon -dont la FFCO est membre fondateur-, ou l’Université Sportive d’Eté pour laquelle nous avons été actifs dans l’organisation aux côtés des initiateurs, l’UNCU et l’UJSF. Sommes-nous assez porteurs de ces constats, de ces réalités ? Comment davantage faire prendre conscience de ce qui bouge en profondeur ? Comment avancer sans opposer mais avec une volonté forte de construire, de conforter ce qui va et d’innover pour ce qui ne va pas ? Comment, dans la volonté de promouvoir un sport pour toutes et tous, tout à la fois proposer des évolutions globales novatrices et résister, point par point, à l’étau qui se referme sur les porteurs d’horizontalité ?

Et pourtant… et pourtant… la réalité est là présente, pressante, les expériences se multiplient : ici, un club crée un salon du livre sportif, là un autre développe un centre de loisir le mercredi, pour les enfants, un autre monte une section « sport santé », un quatrième développe des actions « insertion sociale » identifiées et financées au niveau omnisports… Nous aidons, avec l’Urban Sport Tour, à mettre en réseau la diversité des initiatives de clubs en direction de quartiers « politique de la ville ». La formation que nous proposons sur le sport santé va permettre le développement de ces activités. La création de sections thématiques (« séniors », « ado », par quartier, « nature » plutôt que liée à un « appareil »…) répond à des envies, des besoins qui ne peuvent être pris en compte par les clubs unisport ou même par nos traditionnelles sections disciplinaires. La conception même du fait omnisports bouge pour être, de mieux en mieux, dans la richesse de toutes les formes que cela représente, « la force de tous les sports, la force de tout le sport »

Dans cet esprit, l’attribution des JO à Paris pour 2024 peut encore être une chance si chacun s’en saisi bien, dans l’esprit de Coubertin, en transcendant la juxtaposition de « championnats du monde », la réduction de leur impact aux médailles, aux records et aux champions, pour en faire une grande fête omnisports, la fête de ce sport vivant transversal, dans lequel chacun donne, puise et se retrouve. Cette grande fête omnisports à l’échelle de la planète nécessite une nouvelle rénovation, des Jeux Olympiques 3.0, mettant au pas la démesure et le poids de l’argent, au profit de l’humanisme, d’une sobriété heureuse, de la convivialité.

Car en effet, tout est lié. Comment progresser sur tel aspect sans faire l’effort de réfléchir et faire des propositions sur tel autre ? Le sport, phénomène social, est un tout, insécable, qui mérite attention pour lui-même. Mais, parlons-nous encore de la même chose ?

C’est dans ce contexte que la FFCO vous adresse ses meilleurs vœux pour 2019. Que cette année importante pour le monde sportif soit forte, riche d’initiatives réussies, d’échanges fructueux et constructifs pour construire le sport de demain pour tous les pratiquant(e)s.

Gérard PERREAU-BEZOUILLE

Président de la F.F. des Clubs Omnisports

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