Regards d’expert : Collectif Santé Mentale 2025

Le collectif Santé Mentale Grande Cause Nationale regroupe 23 organisations qui représentent plus
 de 3 000 structures, établissements et associations travaillant dans le champ de la santé mentale au sens large : représentants de la psychiatrie, du champ médico-social, de l’accompagnement professionnel, sanitaire et social, des usagers, des familles et proches, des pairs aidants, des lignes d’écoute, etc. mobilisés partout sur le territoire.

Nous avons toutes et tous une santé mentale et elle fait pleinement partie de notre santé. Elle évolue tout au long de la vie et peut se détériorer de façon ponctuelle ou durable, se rétablir également. La santé mentale est devenue un sujet sociétal majeur dont on parle de plus en plus depuis la crise sanitaire. Chaque année, 20% de la population est touchée par un trouble psychique soit 13 millions de personnes en France et chaque heure une personne se suicide en France.

Les jeunes sont tout particulièrement concernés avec un doublement des symptômes anxio-dépressifs et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans entre 2019 et 2023. Selon le Baromètre santé 2021 de Santé publique France, la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés chez les 18-24 ans est passée de 12 % en 2017 à 21 % en 2021 : le Covid a mis en lumière et accentué une augmentation qui avait déjà débuté une dizaine d’années auparavant.

Ce sujet impacte aujourd’hui toutes les sphères de la société : les familles, le monde du travail, la jeunesse, l’éducation, les collectivités locales, le champ de l’inclusion et du handicap… La santé mentale n’est pas qu’une question sanitaire, elle est devenue l’affaire de toutes et tous.

Premièrement, faire de la santé mentale la grande cause nationale a un impact immédiat car elle donne de la visibilité à un sujet encore tabou en France.

Ensuite, une grande cause nationale est l’occasion de mener des actions d’information, de prévention et de déstigmatisation. Dans les pays où des programmes de sensibilisation ont été mis en place (Angleterre, Canada, Nouvelle-Zélande…), des résultats ont pu être observés sur le changement des représentations sociétales, la libération de la parole et la prise en compte du sujet dans les différentes politiques (logement, travail, éducation…). Ces campagnes d’information, de formation et de sensibilisation, déclinées en fonction des publics, doivent prendre appui sur les dispositifs et organisations qui travaillent au quotidien sur le sujet partout sur le territoire.

Plus encore, cette année de priorité nationale doit permettre d’inciter les pouvoirs publics à mettre en place des mesures concrètes qui permettront l’amélioration de l’accès aux soins et de l’accompagnement des personnes concernées, et de mettre en œuvre des feuilles de routes afin d’améliorer la prévention, le repérage précoce, le parcours de soin et la vie des personnes concernées vivant avec un trouble psychique. Choisir la santé mentale comme grande cause nationale 2025 permet d’embarquer toutes les parties prenantes de la société, sans considérer cette mission comme de la seule responsabilité de la psychiatrie. Un renforcement des actions préventives, bien que sans impact immédiat sur les structures de soins et leur file active, permettrait d’améliorer les parcours de vie des personnes concernées à long terme.

Plus largement, dédier une année à la santé mentale est une opportunité de mobiliser la société civile pour travailler sur toutes les dimensions et avec tous les acteurs concernés, que ce soit en amont (déterminants de santé) ou en aval (structures d’accueil, accompagnement des proches, etc.). L’enjeu n’est pas uniquement sanitaire, mais transversal : éducation, travail, logement…

Enfin, cette grande cause doit permettre de mettre en place les conditions d’un changement sociétal profond sur le sujet. Changer les représentations et les regards demandera du temps : 2025 doit être, au travers de nos actions, la première marche de la transformation sociétale que nous appelons de nos vœux.

Le Collectif Santé mentale Grande cause nationale rassemble 23 acteurs du champ de la santé mentale : associations de personnes concernées, de la recherche, de l’intervention précoce, du soin, de l’information, de la prévention ou encore du rétablissement… Depuis la publication d’une première tribune en octobre 2023, ce collectif a porté le plaidoyer commun pour l’obtention de la Grande cause nationale. Il a appelé à une forte mobilisation citoyenne avec une pétition signée par près de 46 000 personnes en quelques mois. Pour le collectif, cette Grande cause n’est pas une révolution, mais une opportunité inédite de changer les représentations, d’alerter, de faire pression et de proposer des actions.

Afin de faire de la santé mentale un enjeu citoyen, le Collectif se mobilise autour de trois objectifs :

  • Informer, pour mettre à disposition des informations fiables, accessibles et de qualité au grand public ;
  • Prévenir, au niveau individuel et collectif, pour permettre à chacun de prendre soin de sa santé mentale et encourager les organisations à reconnaître leur rôle dans la promotion d’une bonne santé mentale et agir sur les déterminants ;
  • Déstigmatiser, pour changer durablement les regards sur les troubles psychiques encore trop souvent perçus comme honteux.

Santé physique et santé mentale sont indissociables, et l’activité physique a de nombreux effets sur la santé mentale. Élément essentiel de l’hygiène de vie avec l’alimentation et le sommeil, elle favorise un sommeil de meilleure qualité, ce qui a un impact important sur le niveau d’irritabilité, la fatigue, l’humeur, la manière de faire face aux imprévus quotidiens et la capacité à réguler ses émotions. Les études scientifiques montrent aussi que la pratique sportive peut avoir un effet bénéfique sur la diminution des pensées anxieuses, car le corps libère des endorphines. Celles-ci peuvent soulager le stress et procurent une sensation de bonheur. Plus encore, l’activité physique accroît la production de sérotonine qui régule l’humeur et réduit l’anxiété.

L’activité physique augmente le niveau d’énergie, l’estime de soi et la confiance en ses capacités. Elle prévient aussi l’apparition des troubles psychiques en améliorant l’activité des neurotransmetteurs qui ont un effet très important sur la variation de l’humeur.

Fruit d’un ensemble de déterminants (sociaux, environnementaux, génétiques…), il est temps de considérer la santé dans sa globalité.

Les clubs sportifs peuvent avoir un rôle essentiel dans la promotion de la santé mentale, d’abord en tant que lieux de pratique sportive, mais aussi en tant que lieux de socialisation, en favorisant la création de lien social et en aidant à lutter contre la solitude et l’isolement. Or être entouré et soutenu est un facteur de protection contre des difficultés de santé mentale.

Lieux d’accueil privilégiés d’un public jeune, ils peuvent aussi jouer un rôle important à une période charnière : la période allant de l’adolescence à l’âge adulte est caractérisée par un certain nombre d’enjeux et de questionnements (accroissement de l’autonomie, interrogation sur l’identité ou l’orientation sexuelle, bouleversements corporels, projection vers l’âge adulte…) ou de situations personnelles délétères (trauma, harcèlement, conduites addictives…) qui peuvent agir sur l’équilibre mental. A cela s’ajoute le fait que les troubles psychiques apparaissent majoritairement avant l’âge adulte : 75 % des pathologies, telles que la bipolarité ou la schizophrénie, se déclarent avant l’âge de 24 ans. Les clubs sportifs peuvent donc jouer un rôle dans la prévention et le repérage des troubles de santé mentale, notamment chez les jeunes.

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