La littératie physique contre l’homophobie… et toutes les formes de discriminations liées au corps et à l’apparence

Par-delà sa prétention à l’universel, le sport et particulièrement l’olympisme est aussi et surtout facteur de normalisation. Pourtant, dans la seconde moitié du 20ème siècle, il va être l’objet d’une réappropriation par des « minorités » et même un vecteur/outil pour leurs causes, entre participation aux Jeux Olympiques et création de jeux autonomes comme les gay games, dans une dynamique de lutte contre les discriminations, de revendication culturelle et de proposition, démonstration de la possibilité d’un autre modèle sportif plus ouvert, plus créatif et novateur.

Cet article est proposé par Gérard PERREAU BEZOUILLE, président de la FF CLUBS OMNISPORTS et Pascale REINTEAU, co-présidente de la fondation Inclusion pour un Environnement Respectueux, FIER.

Pascale Reinteau, co-présidente de la fondation FIER

Pascale Reinteau est ex-coprésidente de l’association organisatrice des Gay Games Paris 2018, coanime la fondation FIER. Directrice générale adjointe à la mairie de Cachan, elle y développe un projet « olympique » qui utilise le sport comme support pour travailler sur les questions de santé et bien-être, handicap, discriminations, nutrition, prévention de l’obésité et insertion par le sport.

Par-delà sa prétention à l’universel, le sport et particulièrement l’olympisme est aussi et surtout facteur de normalisation. Pourtant, dans la seconde moitié du 20ème siècle, il va être l’objet d’une réappropriation par des « minorités » et même un vecteur/outil pour leurs causes, entre participation aux Jeux Olympiques et création de jeux autonomes comme les gay games, dans une dynamique de lutte contre les discriminations, de revendication culturelle et de proposition, démonstration de la possibilité d’un autre modèle sportif plus ouvert, plus créatif et novateur.

La littératie physique quant à elle va au-delà de la simple compétence physique ; elle englobe la compréhension, l’appréciation et l’application des mouvements corporels dans divers contextes et donc la volonté de penser la pratique du sport dans le rapport à la société. La littératie physique est donc un outil essentiel pour promouvoir l’inclusivité et le bien-être dans la société, importante dans la lutte contre l’homophobie.

Image représentant une pancarte "We are equal"

Dans un contexte où les personnes LGBTQIA+ peuvent faire face à des stigmatisations et discriminations, la littératie physique est un moyen de renforcer la confiance en soi et la résilience. Les activités physiques permettent de développer une meilleure conscience de soi et de promouvoir une image corporelle positive, éléments cruciaux dans l’estime de soi, le rayonnement personnel et son rapport aux autres. Et c’est pourquoi la lutte contre les LGBT+ phobies – et de manière plus large contre toutes les discriminations liées au corps et à l’apparence – dans le sport et par le sport, apparaît primordiale pour permettre à toute personne de s’épanouir, de construire sa relation au monde et aux autres dans un environnement accueillant et sécurisant. Le monde sportif l’est-il ?

La pratique d’activités physiques diverses contribue également à créer des communautés inclusives. Les clubs sportifs et les événements sportifs peuvent servir de plateformes pour sensibiliser et éduquer sur les enjeux liés aux LGBT+ phobies, favorisant ainsi la compréhension et l’inclusion. Cela nécessite bien évidemment de penser la différence, de travailler l’acceptation et de condamner l’exclusion sous toute ses formes.

Par ailleurs, la littératie physique peut être un outil puissant pour remettre en question les stéréotypes de genre. En encourageant la diversité dans les choix d’activités physiques, on favorise une vision égalitaire des capacités et des intérêts, contribuant ainsi à déconstruire les préjugés qui alimentent l’homophobie. C’est là que l’expérience des Gay Games innove dans ses modèles d’organisation sportive et démontre l’intérêt et les capacités des individus à pratiquer différemment en gommant parfois les identités de genre pour laisser libre cours à l’expression de chacun.e.

L’éducation physique et sportive devrait également jouer un rôle prépondérant dans la promotion du respect et de la diversité. En intégrant des programmes qui abordent les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, on crée des environnements éducatifs propices à l’inclusion. Potentiellement vécu comme un espace insécurisant voir excluant à l’âge de la découverte de son orientation sexuelle et de son identité de genre, l’éducation physique et sportive peut – en ne se traduisant pas en normalisation ou catégorisation à outrance – permettre à la personne en construction d’y trouver un espace d’expérimentations, un champ des possibles – au même titre que l’Art – et de devenir.

La littératie physique et la lutte contre l’homophobie sont interconnectées. Promouvoir une vision inclusive des activités physiques et sportives peut contribuer significativement à la création d’une société respectueuse, éduquée et consciente de la diversité des individus, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Par-delà la mise en œuvre de la littératie physique, le club omnisports peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre les LGBT+ phobies en créant un environnement de pratique inclusif et respectueux. En mettant en œuvre des programmes éducatifs qui mettent l’accent sur la diversité et la liberté, il favorise la compréhension par les membres du club, ainsi que ceux qui sont dans son environnement, une compréhension plus profonde des réalités LGBTQIA+.

La littératie physique peut ainsi servir de plateforme pour promouvoir la diversité au sein du club. En incorporant des activités qui célèbrent toutes les formes d’identité, le club peut créer un espace où chacun se sent libre d’être soi-même, indépendamment de son orientation sexuelle. La catégorisation des activités – femme-homme – peut s’ouvrir par exemple et laisser plus de place au jeu pour tou.t.e.s.

Les séances d’entraînement et les événements sportifs peuvent être des occasions idéales pour sensibiliser les membres à l’importance du respect mutuel. En introduisant non seulement des ateliers éducatifs de lutte contre les LGBT+ phobies mais aussi en créant la possibilité de pratique mixte ou pour des couples de même sexe en danse par exemple, le club peut favoriser une culture inclusive où les stéréotypes et les préjugés sont remis en question.

Les dirigeants du club ont également un rôle essentiel à jouer en modélisant un comportement inclusif et en s’assurant que les politiques du club reflètent ces valeurs. En établissant des lignes directrices claires contre toute forme de discrimination, en mesurant et en sanctionnant le cas échéant, le club envoie un message fort sur son engagement envers les diversités.

La littératie physique peut également être utilisée comme un outil pour renforcer les compétences de leadership et la communication, favorisant ainsi une culture d’égalité. En encourageant la collaboration entre les membres, le club peut devenir un exemple de la façon dont le sport peut transcender les barrières sociales ou de genre.

En conclusion, la mise en œuvre de la littératie physique dans un club omnisports offre une opportunité unique de lutter contre les LGBT+ phobies en créant un environnement inclusif où chacun se sent valorisé. En combinant l’éducation, le leadership et la célébration de la diversité, le club peut jouer un rôle significatif dans la promotion du respect et de l’égalité au sein de la communauté sportive. Ce peut être aussi un des vecteurs d’une nouvelle génération de Jeux Olympiques, des JO 3.0, inclusifs, à taille humaine, luttant contre la démesure, la corruption, respectueux de la planète, porteurs de toutes les diversités.

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