Livre paru début mars 2020 (semaine avant le confinement) montrant que le modèle des championnats sportifs ne possède pas l’unité de principes que mettent en avant leurs partisans convaincus ou intéressés.
L’introduction, rappelle que :
– les championnats sportifs ne sont pas l’ensemble des pratiques sportives (cf. loisir, thérapie, éducation…). Ils ne concernent que les épreuves organisées par des instances dirigeantes (les fédérations) reprenant le principe de la confrontation sportive dans un système de monopole imposant les mêmes règles pour tous.
– les championnats sont idéalisés dans les discours, avec une apologie des “valeurs du sport” (humanisme, accomplissement, effort …), alors que la réalité est complexe et les objectifs ambigus.
Le livre analyse donc les divergences d’objectifs et de comportements, présents actuellement chez les dirigeants, le public, les compétiteurs, etc., en montrant l’enchevêtrement de trois groupes de références idéologiques :
– l’exception sportive : gouvernance autonome, pureté du spectacle, accomplissement de soi,
– la conception identitaire : compétiteur représentant d’une communauté, supporters partisans, cogestion des dirigeants et des politiques,
– la logique entrepreneuriale : carrière et métier, public consommateur de spectacles, gestion financière et spéculation.
La conclusion insiste sur les contradictions et le devenir incertain des championnats
En accumulant les objectifs, le modèle a perdu son unité idéologique, a produit des paradoxes, et soulève de nombreuses questions relatives à son devenir :
– la performance, principe des championnats, est susceptible de perdre de son intérêt face à la tendance de l’individualisation du loisir, recherchant le bien-être corporel et psychique en dehors du rendement spécialisé.
– la limitation des moyens pour vaincre (cf. le dopage) est difficilement acceptable pour des professionnels, seuls sportifs réellement contrôlés, accomplissant un métier.
– la séparation des sexes, présente dans la majorité des championnats, est en porte-à-faux avec l’égalité des genres (pas de ségrégation hommes-femmes) réclamée dans tous les autres secteurs des sociétés modernes.
– la standardisation, présente dans le modèle des championnats, est à l’opposé de l’individualisation actuelle des comportements sociaux.
– le marquage identitaire(supporters, nationalisme)est en décalage avec l’internationalisation des échanges culturels et le rapprochement des peuples.
– les intérêts politiques ou financiers ne correspondent pas nécessairement à l’objectif du développement personnel.
– le système fédéral, imaginé pour des compétitions entre amateurs, répond difficilement aux besoins de l’industrie du spectacle sportif des championnats professionnels.
– la multiplication des télé-spectacles de championnats sportifs est en décalage avec l’intérêt pour l’originalité et l’éphémère des jeunes générations (télévision face au Web).