Initiatives de clubs : Yann Petitpas, Bois-Colombes Sports (BCS)

Yann PETITPAS, éducateur sportif et stagiaire de la dernière promotion de formation en littératie physique nous partage son point de vue, sa vision de cette nouvelle façon d’appréhender le sport.

Quel est votre parcours ?

Formateur pour la Fédération Française de Gymnastique, notamment en baby-gym et gym+ (programme sport-santé de la FFG) et Responsable Régional des pratiques non-compétitives. Intéressé par la pratique sportive pour tous et tout public, pratiquant également l’inclusion depuis longtemps au sein des activités de la section, mais également par la création d’un créneau dédié aux personnes atteintes de TSA. Mettre en place une activité gymnique pour chaque public est un leitmotiv pour moi, pour un public dès 2 ans à plus de 50 ans, étant également un des rares clubs franciliens proposant une section pour adultes, loisirs comme compétition, avec une équipe féminine en compétition dont la majorité a plus de 40 ans.

Comment avez-vous avancé avec Sport For Life ?

J’ai suivi l’initiation à la littératie physique avec la FFCO et Sport For Life durant la saison 2022-2023 suite à une présentation dans une newsletter. Je ne connaissais pas le terme, et donc le principe, et venant d’une formation classique, j’étais curieux de découvrir cet univers.

J’ai redécouvert cette notion de « sport pour tous », à n’importe quel âge ou n’importe quelle condition physique !

Et j’ai redécouvert cette notion de « sport pour tous », à n’importe quel âge ou n’importe quelle condition physique !

Comment intégrer la littératie dans son club ?

Conception de programmes adaptés à chaque public possible, intégration d’outils d’évaluations standardisés, témoignages, accompagnement personnalisé sur la formation avec des visios individuelles pour échanger sur la formation et nous aider à mieux l’appréhender : cette initiation à la littératie par Sport For Life fut extrêmement enrichissante, de par leur recul sur cette pratique, la dimension quasi nationale de leur programme, les multiples collaborations mises en place, les objectifs, la manière de critériser les populations, sans apriori aucun ( avec la notion de communautés : autochtones, immigrés, handicapés, public LGBTQIA2+…).

Ensuite, la présentation de nouveaux sports, nécessitant peu de matériel ou d’investissement, modulaires, peu de règles, afin de laisser le plaisir de JOUER prendre le dessus sur les contraintes parfois liées à la pratique sportive. Enfin, l’adaptabilité, l’inclusion, l’intégration sociale mais surtout le sport comme outil de bien-être, retrouver le plaisir de pratiquer, pour soi ou avec les autres, non pas comme une activité réservée à une frange de la population mais comme faisant partie du quotidien de toutes et tous.

Qu’est-ce que la littératie a généré chez vous ?

L’idée d’apprendre à aimer faire du sport. J’ai constaté tout au long de ma carrière que le plaisir de venir pratiquer la gym était plus important parfois que le résultat compétitif, que s’amuser, jouer, pratiquer entre ami-e-s, prenait le dessus sur l’apprentissage de mouvements ou les contraintes règlementaires imposées par les notations ou systèmes d’évaluation. Et que moi, en tant que « coach », jouait un rôle central dans cette notion, celle d’accompagner les pratiquants, de co-construire leur idée de l’entrainement, de proposer des activités répondant, non pas à mes envies personnelles de performance, mais à leurs envies et surtout d’intégrer ces notions, qu’elles soient naturelles, et non imposées.

Ce qui se traduit par un taux de fidélité assez élevé, mais surtout par un bouche à oreille important sur le bassin de population, et donc une forte demande d’inscription, souvent impossible à satisfaire. Et cette formation m’a renforcé dans cette idée de sport-plaisir, pour le développement de soi, de maitrise de son corps tout au long de sa vie, pour se faire du bien, au-delà de la santé physique mais aussi psychologique.

Et demain, comment l’appréhender ?

Via un projet multisports. Le club doit proposer de la multidisciplinarité. Les collectivités le proposent mais de manière trop occupationnelle. Dans les clubs omnisports, nous devons aller plus loin en développant les habiletés motrices, les compétences perceptives et les motivations. Avec une formule multisports, les publics potentiels sont plus hétérogènes et culturellement d’horizons différents, l’ensemble des adhérents des différentes sections, et des éducateurs du club sont pris en compte et coopèrent dans des enjeux de culture sportive de développement de chacun, tout ceci dans une perspective durable.

Dans les clubs omnisports, nous devons aller plus loin en développant les habiletés motrices, les compétences perceptives et les motivations.

Comment cela s’articule concrètement ?

• 1er projet : stage de 5 jours pour public « Senior », avec comme activités : Pilates, piscine avec aquagym, badminton, marche nordique, tir à l’arc, escrime. Objectif : maintien des habiletés motrices quotidiennes, socialisation, découverte de nouvelles activités.
• 2ème projet : stage pour collégiens ; 2 activités par jour, matin et après-midi, activités pratiquées au sein de l’omnisports et découverte des activités présentées notamment lors de la formation comme les tables de teq et le homeball, plus 1 extra en fin de semaine (escalade indoor), soit 9 sessions de 2h. Objectif : découverte de nouveaux sports accessibles en outdoor au quotidien (dans les espaces publics), sans besoin de s’inscrire ; pratique en petit groupe pour socialisation.
• 3ème projet : session spéciale maternels, avec la problématique d’une pratique maximale de 45 min à 1h par activité afin de maintenir un temps de concentration correct : Babygym, sport de balles, piscine. Objectif : maitrise des habiletés locomotrices fondamentales (sauter, rouler tourner se suspendre avec la babygym), flotter, nager, sortir de l’eau, attraper, lancer frapper avec les sports de balle.

L’objectif étant à moyen terme de pouvoir créer une section multisports, pourquoi pas en faire une porte d’entrée future pour toutes les sections du club omnisports.

Quels premiers constats fais-tu de l’apport de la littératie dans tes approches pédagogiques ?

Premier bilan : la formation m’a conforté dans l’ouverture d’esprit nécessaire pour évoluer dans la société actuelle. Je me suis rendu compte que j’appliquais déjà des principes de la littératie physique dans mon quotidien de coach, mais que l’on pouvait aller encore plus loin, non seulement dans ma discipline, mais également au sein de mon club omnisports. Deuxième conclusion : la littératie physique peut être pour un omnisports une ressource importante de nouveaux adhérents et pratiquants, de tous âges. Sortir des schémas classiques pour envisager une transversalité organisée, la création de nouvelles sections « multi », pour répondre à une demande existante d’une partie de la société. Troisième point : s’intégrer encore plus au sein de son bassin de population, afin de pérenniser l’existence du club. Cela permet aussi de recruter de nouveaux bénévoles qui pourront aider à la gestion et prendre la relève un jour ou l’autre.

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